Equipe FAVREAU : Thierry (capitaine), Raphaël, Jean
Pour rappel :
La Vélocio consiste à rouler 24h de rang, en parcourant un minimum de 360km, par équipe
composée de minimum 3 machines, à maximum 5 machines, en direction de la Provence, sur un
parcours de son cru, durant lequel elle doit faire tamponner sa carte dans des points de contrôle.
Après une première participation à la Flèche Velocio en 2022, la team Favreau remet ça en 2023.
Même épreuve, même équipe de cyclistes, mais plein de changements dans l’organisation générale.
Pourquoi on s’inflige ça :
L’année 2022 était une découverte et une première tentative. Cette année, on veut remettre le couvert
en corrigeant le tire sur plein de petits détails qui avaient été foireux l’année passée. On en est pas
encore au stade des “marginal gains”, mais on a quand même réussi à bien améliorer notre marque.
En plus de passer un moment magique en famille, ça permet aussi de se préparer pour le
Paris-Brest-Paris 2023 sur lequel nous serons tous les trois alignés !
Retour critique sur 2022 :
On avait fait le choix de remonter la Loire et on était arrivé à Roanne avec 585 km. On s’était pris un
gros vent de Nord Est (défavorable !) pendant tout le périple. On avait roulé 20 heures et pris 4
heures de pause. Nos accompagnateurs nous avaient loupé au premier contrôle. On avait été bien
emmerdés dans la traversée de plusieurs grandes villes, notamment Nantes et Tours. On en avait
chié entre 7h et 9h à la levée du jour avec un froid intense et des petites routes sinueuses. Pleins de
choses à améliorer de ce côté là !
Comment on prépare le parcours et comment on se prépare :
Comme l’année précédente mais avec des objectifs légèrement plus élevés:
- un objectif de distance fixé à 550km, plus ou moins 20 %, ce qui nous donne une fourchette
440km mini / 660km maxi - un parcours le plus plat possible qui part de La Planche dans la cambrousse au Sud de
Nantes. Pour changer du parcours le long de la Loire mais quand même rester sur un truc
plat, on a choisi de descendre avec une trajectoire Sud / Sud Est qui nous fait passer par :
Vendée, Charente Maritime, Gironde, Lot et Garonne, Tarn et Garonne, Haute Garonne,
Aude - un choix d’heure de départ décalé deux heures plus tôt pour éviter le coup de bambou du
petit matin, soit un départ à 7h00 le vendredi 7 Avril qui détermine la fin de l’épreuve à 7h00
le samedi 8 Avril. - une logistique de lieu de pointage et de ravitaillement pour être sûr de trouver une boulange
ou une boutique pour faire tamponner la carte. On a pris l’option facile avec Popo qui nous a
déjà suivi l’année dernière, et la copine de Raphaël. Elles forment un duo.
d’accompagnatrices de choc avec le fourgon. Elles nous retrouvent aux points de contrôle,
ainsi en plus de tamponner la carte, on remplit les bidons et les poches de victuailles. - un ravitaillement préparé en partie en amont de l’épreuve avant tout constitué de sucre, de
sel et de matière grasses hydrogénées pour tenir dans la durée. - un entraînement régulier avec des grosses distances crescendo dans les premiers mois de
l’année : plusieurs 150km à 200km pour moi et Raph, une fois 300km en Mars avec les deux
frères, j’ai eu l’occasion de faire un 400km en solo aussi. Thierry manque pour sa part
d’entrainement vu qu’il a d’autres contraintes à gérer de son côté. Il ne roule pas
régulièrement et n’a pas vraiment le temps de se reposer ! - Niveau vélo c’est comme l’année dernière, Wolhauser aluminium avec du caractère pour
Thierry, le capitaine de l’équipe, un Trek Madone chaussée d’une paire de roues artisanales
en carbone montées par et pour Raphet et de mon côté, mon Scott Addict RC20 de 2019. - Petit détail important, nous avons tous rajouté des prolongateurs sur nos vélos, ainsi ce qu’on
n’a pas gagné en force à l’entraînement, on le récupère en gains aérodynamiques.
Quel état d’esprit :
On a hâte d’en découdre à nouveau, on a pour objectif de faire mieux, mais avec le parcours
différent, on peut aussi avoir de nombreuses surprises ! Raphaël et moi sommes très bien préparés et
Thierry a fait ce qu’il peut avec ses contraintes, il part au métier. On a tous notre petit objectif perso, le
mien est d’au moins rallier Carcassonne, et de ne pas subir la nuit comme l’année passée où j’avais
dû m’arrêter pour une sieste tellement mes yeux se croisaient sur le vélo.
Le déroulement :
Le vendredi 7 avril 2023, le départ est fixé à 7h. La veille, on a préparé toute la logistique (notamment
une bonne soixantaine de mini-sandwichs variés !) et on a dormi à La Planche au Sud de Nantes
pour partir directement dans la campagne. On se met en route dans un froid glacial sans trop savoir
comment se couvrir. Ca sera cuissard d’hiver et veste mi saison pour tous les 3, je rajoute un coupe vent car j’ai vraiment trop froid. Il fait 4 degrés mais le ciel est complètement dégagé. On tamponne nos cartes dans le seul lieu ouvert de La Planche, le PMU, et zé bardi pour 24h de fun sur les vélos. On part à bonne allure sur une portion de parcours déjà bien repérée, de longues lignes droites tranquilles. Le brume caractéristiques des matinées froides de printemps s’élève du sol, mais pour ma part, j’ai déjà trop chaud. Dès que le jour se lève, je retire mon gilet jaune et mon coupe vent qui me font suer comme pas possible. Le vent est légèrement défavorable arriver en Charente Maritime, comme par hasard, là où les routes sont de longues lignes droites, sans fins et sans protections. Nous avalons rapidement la première centaine de km à plus de 32kmh de moyenne jusqu’à Marans. On tamponne en boulangerie et on retrouve Pauline et Loubna qui nous ont préparé le ravito !
On repart rapidement en essayant de ne pas perdre trop de temps, on joue la montre sur chaque
pause car on a beaucoup à gagner de ce côté là. Les routes plates et monotones laissent place à de
la petites voies sinueuses et légèrement vallonnées à partir de Saint-Jean d’Angély. J’aime bien, cela
varie un peu le parcours. Thierry lui n’apprécie pas forcément. On arrive au deuxième contrôle à Saint-Fort-sur-le-Né, au sud de Cognac, notre moyenne est de 31,7kmh depuis le début, nous sommes sur un bon rythme, il faut le tenir !
Pour nous réconforter et nous remplir l’estomac, nos
directrices sportives nous ont prévu un repas de sportif, burgers biens coulants et frites. On repart
remplis et revigorés, direction le Sud !
La chaleur s’intensifie, la digestion se fait, les bosses continuent et s’empirent à vrai dire !
On se dirige vers la vallée de la Dordogne en traversant plein de petits courts d’eau, de villages déserts et
en parcourant un paysage constitué de petits hameaux, de bosquets, de champs et de vignes. Cette
diversité laisse place à des vignes exclusivement quand nous approchons de Saint-Emilion. On arrive
au troisième contrôle à Saint-Sulpice de Falereyens, on tamponne dans une boulangerie et on enlève
des épaisseurs. La température atteint les vingt degrés, on s’hydrate et on se restaure. Notre
moyenne, malgré le D+ est remontée à 31,9kmh. Cela fait une dizaine d’heure qu’on roule, on a roulé
plus de 300km, nous sommes sur une bonne lancée pour battre notre distance de 2022.
On traverse la Dordogne et on commence à se prendre des côtes de plus en plus raides, régulières et
longues. Thierry subit, il ne supporte pas les bosses. A partir de là, il ne prend presque plus de relais.
On observe de très beaux châteaux et demeures caractéristiques de la région. On continue sur notre
lancée, on arrive sur une descente très pentue qu’on est bien content de prendre dans ce sens et on
traverse enfin la Garonne sur un beau pont suspendu. Le terrain redevient plus plat ! On longe le
canal de la Garonne pendant un long moment en passant d’une rive à l’autre par de petits ponts très
étroits.
Au détour d’un village, on voit Popo et Loubna en train de nous acheter des pizzas pour le repas du prochain contrôle, c’est réconfortant d’avance ! On leur crie coucou, et juste après, on se casse les
dents sur un mur à 15% au Mas d’Agenais. Nos mollets brûlent mais nous souffrons en silence. Une
dizaine de kilomètres plus loin, on arrive au contrôle de Damazan, notre moyenne est encore à
31,4kmh avec 390km de parcourus, il est presque 21h. Malgré le dénivelé et le fait que Thierry
subisse plus qu’autre chose, on est sur une bonne lancée. Je me demande sincèrement comment il
fait pour tenir, il faut un sacré mental pour s’infliger ce qu’on s’inflige quand on est tout le temps dans
ses limites. Nous mangeons de bon cœur, Raph part soulager un poids sur l’estomac. La pause dure
plus longtemps que prévu, et on en a bien besoin, d’autant plus que la suite se fera de nuit. Il nous
reste encore une dizaine d’heure avant de finir l’épreuve !
La suite du parcours est relativement plate. Nous nous relayons avec Raphaël sur de grandes lignes droites sans intérêts. La lune met du temps à apparaître mais elle fait une entrée remarquable dans notre champ de vision. On croirait assister au levé du soleil, une gigantesque boule de feu orangée
apparaît à l’horizon, pile sur le cap que nous suivons. Elle monte dans le ciel et diminue petit à petit
en apportant un éclairage opalescent très agréable pour rouler de nuit. Nous traversons Agen, première grosse ville du parcours, sans trop de problèmes, nous continuons à filer jusqu’à Valence d’Agen où nous prenons une photo à la pancarte en guise de contrôle. La moyenne est restée stable, nous avons parcouru 450km. On mange au pied d’une belle halle en structure métallique. On perd un peu de temps ici aussi en mangeant très tranquillement. De mon côté, je mange beaucoup trop, et je n’arriverai plus à rien avaler sur le vélo par la suite.
On repart et on continue sur de longues lignes droites incessantes. C’est monotone, mais on mange du km et c’est ce qui importe dans cette épreuve. Je prends des relais et puis Raphaël en prend. Je m’inquiète souvent que Thierry ne soit plus dans notre roue car il est très discret, mais de temps en temps on l’entend raconter une connerie, c’est qu’il va bien et qu’il est encore lucide ! Les contrôles se rapprochent à présent pour pouvoir se dégourdir plus souvent les jambes. Au km 505, on retrouve Pauline et Loubna sur un grand parking à Grisolle. On ne se pose pas très longtemps, on mange, on remplit les bidons, on passe une petite laine car il commence à faire vraiment froid, et on file.
Nous entamons le contournement de Toulouse et ce n’est pas triste ! Les bosses reprennent, elles ne
sont pas forcément très raides mais elles sont longues ! Et le paysage va continuer à nous offrir de
belles montagnes russes. Si on doit en retenir une, c’est au détour d’une toute petite route, on tourne
à droite, et là, un mur se dresse devant nous. Une bonne cote en ligne droite avec des portions à plus
de 16% (cote des 3 ânes sur strava). Le groupe s’éparpille, je suis obligé de forcer comme un dingue
avec mon 39×25, j’attends les frères au stop en haut de cette petite route. Raphaël me rejoint puis
Thierry. Pas une minute à perdre, on repart, la route est plus grosse et moins vallonnée. On arrive à
Caraman aux alentours de 4 heures du matin, avec 560km au compteur, il nous reste encore 3
heures à pédaler, on sait qu’on va battre notre record ! La moyenne est encore à 30,9kmh malgré
toutes nos péripéties.
On pense en avoir fini avec les bosses et enfin trouver de la descente, mais non, on continue les
montagnes russes. A ce stade, on a assez hâte d’en finir. A la 22ème heure de l’épreuve, il y a un
contrôle à effectuer. On est au milieu de rien, on s’arrête pour prendre une photo d’un panneau de
hameau et on se remet en route. On retrouve nos deux accompagnatrices à Bram, dernier contrôle
avant l’arrêt complet, où on prend une photo devant la mairie. On se restaure, c’est dur de repartir mais il ne reste qu’une heure. Je sens que mon objectif perso d’atteindre Carcassonne est faisable, je mets en route sur la dernière heure et les frères restent dans la roue, j’entends de temps à autre “mollo Jean !”.
On arrive finalement à Carcassonne, là je baisse complètement le rythme et on se met en mode
récupération active pour traverser la ville. On admire le lever du soleil sur la Cité. On veut faire notre
dernier contrôle à la sortie de la ville, mais les minutes passent très lentement. Heureusement quelques feux rouges nous permettent de gagner, ou de perdre, selon le point de vue, du temps. On sort finalement de la ville et on s’arrête sur des hauteurs à l’est avec un beau point de vue. Pauline et
Loubna nous rejoignent avec des viennoiseries bien fraîches pour nous réconforter. Nous avons parcouru plus de 630km à 30kmh en 24h. On décompte 3 heures de pause, notamment à cause des nombreux contrôles dans les derniers 200 km (mais qui permettent quand même de récupérer !).Objectifs atteints pour ma part, grâce à quelques tasses de café bues au bon moment, pas de problème de somnolence. Carcassonne est atteint, on a battu notre kilométrage de 2022, et ça c’est cool ! Boulot remarquable de Pauline et Loubna qui ont été parfaites. On pourra tout de même
améliorer la logistique à y repenser. Thierry malgré son manque de préparation a été ultra courageux,
300km dans les roues au mental, il faut le faire. Raph était très fort cette année et parfaitement
préparé pour affronter l’épreuve !
Le 9 Avril, c’est la concentration Pascale, j’en profite pour monter le Ventoux avec Pauline avant de
rejoindre Brantes où les frères ont déjà remis nos cartes de routes. Nous sommes classés à seulement 20 km des premiers ! On était pas loin de mettre notre équipe en haut du palmarès 2023 !
Comme en 2022, nous sommes les plus jeunes, nous obtenons donc à nouveau la médaille de l’équipe la plus jeune. Des petites choses à arranger ici et là, un entraînement à peaufiner, et on pourra certainement faire mieux en 2024 (si la météo est de la partie bien sûr !)
Pour ceux qui sont intéressés par les parcours