Une ascension de l’Iseran

Après une semaine de temps pluvieux et froid (il est tombé 30 cm de neige à 2300m), il fait doux ce dimanche matin et il ne pleut pas. Philippe, le propriétaire du gite, et son fils Guillaume sont de la sortie. Le reste de la famille partira plus tard et nous retrouvera vers 13h à Bonneval sur Arc, en bas de l’Iseran coté Maurienne.

Départ à 10h avec la voiture de Philippe, arrivée à Val d’Isère vers 10h30. Le temps de sortir les vélos, et la pluie nous rattrape à la sortie de Val : un petit crachin breton, signe que le brouillard se dissipe, et qui nous accompagnera jusqu’au fond de la vallée. Jusqu’à Pont Saint Charles, la pente est plutôt faible, ce qui nous permet de nous échauffer. Nous retirons nos impers au bas du col. Désormais chacun monte à son rythme. Je gère le mien en prévision de la montée de l’après-midi. A mi-pente, le brouillard nous rattrape, et je m’arrête pour « allumer les phares ». Comme prévu, il y a très peu de voitures, mais plus surprenant, il n’y a pas de cyclos non plus !

Altitude 2300m : arrêt photo spécialement pour la Roue Libre. En contrebas, la station de Val d’Isère.

. Ma chaine saute juste au redémarrage. En plus de la photo, j’aurai donc les mains sales. A partir de maintenant, je surveille mon cardio car avec le manque d’oxygène, il est difficile de faire baisser le rythme cardiaque.

Je tiens un bon rythme, mais comme à chaque fois le dernier km est le plus dur (le vent de face annonce le col et les 2700m d’altitude font leur effet). 18km en 1h35 pour 900 m de dénivelé, je suis content de mon chrono.

Arrivé au sommet, un coup d’oeil sur la chapelle et une grosse surprise : des barrières de chaque côté de la route, des gilets jaunes partout, des spectateurs et la police municipale ! Philippe et Guillaume ont vraiment bien fait les choses.

En fait, c’est l’Ice Trail Tarentaise! L’Iseran est point de contrôle le plus bas au km 55 de la course (65 km, 5000m de dénivelé positif). Le vainqueur a effectué le parcours en 7h37mn ! Parti à 4h du matin, il avait donc franchi la ligne d’arrivée à Val d’Isère avant que nous n’arrivions au col. Respect !!

Juste après le col, les concurrents courent dans le brouillard sur le névé pour atteindre la crête à 3000m d’altitude et redescendre vers l’arrivée à Val d’Isère. Comme le temps est doux, nous restons quelques minutes à regarder leur passage et appelons la seconde voiture. Elle sera à Bonneval vers 13h comme prévu. Des amis se sont joints au pique-nique et elle est donc complète.

Et c’est là que tout a commencé à dérailler. Jacques Chirac avait coutume de dire : « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ». Je confirme.

Premier effet kisscool : en quelques minutes, les nuages franchissent la crête et descendent sur le col. Le thermomètre du point de contrôle passe de 15 à 2 °. Nous enfilons vite les coupe-vent, les gants d’hiver, et nous lançons dans le brouillard vers Bonneval.

Deuxième effet kisscool : je rattrape Philippe à l’arrêt qui a connu une grosse frayeur dès le premier virage de la descente . Il n’a plus de frein arrière. Nous essayons de retendre le câble sans résultat. Inutile d’espérer aller à Bonneval dans ce contexte. Il remonte donc au sommet. Il devra attendre la seconde voiture, redescendre en voiture chercher la sienne à Val d’Isère et les deux voitures rejoindront Bonneval au mieux vers 14h00. J’effectue la descente seul dans un brouillard glacial (je découvre les secrets de la récupération froide car ça vaut bien une poubelle remplie d’eau et de glaçons) et retrouve Guillaume lui aussi frigorifié à l’entrée de Bonneval.

Troisième effet kiss-cool : un rideau argenté monte de la vallée ! Après le froid et la panne, nous avons droit à une averse ! Nous nous réfugions trempés dans un abri-bus, mangeons ce qui reste dans nos poches et finissons nos bidons.

Dernier effet kisscoll : les voitures arrivent vers 14h30 car la seconde voiture a dû faire le plein d’essence à Val d’Isère pour pouvoir remonter le col en toute tranquillité ! Fin de l’escadrille.

L’ascension retour est compromise. Nous rentrerons donc en voiture en fin d’après-midi. Nous pique-niquons à l’abri sous le porche d’une chapelle, puis visitons Bonneval sous un beau soleil et une température douce. La ville est site classé, aussi toutes les maisons respectent l’architecture des années 1850.

A l’entrée du village, le pont datant du moyen-âge, qui rappelle celui de Clisson.

Toutes les toitures sont en lauzes. Certaines lauzes peuvent mesurer jusqu’à 1m2 et peser 80 kg.

Typique des villages de montagne, les rues sont très étroites, comme si les maisons se serraient pour résister au froid. En hiver, il y a jusqu’à 2m de neige ! Il est arrivé que le chasse-neige apporte le pain du village lorsque la route est bloquée.